mardi 13 décembre 2016

La fin justifie-t-elle les moyens ?

Cristian Mungiu, Palme d’or en 2007, concourait encore cette année à Cannes, avec « Bacalaureat », qui lui vaut le Prix de la Mise en scène. En 2012, il obtenait le Prix du scénario pour « Au-delà des collines », film choc ! Heureux cinéma roumain régulièrement présent et souvent primé à Cannes.

Bacalaureat est un long métrage à multiples problématiques. L’objet du film est la corruption endémique en Roumanie (et ailleurs). Comme ils le disent, « dans ce pays, les gens s’entraident ». On comprend vite !

Un couple, la cinquantaine, lui médecin réputé exerçant en hôpital, ont une fille qui passe le bac. A coups de cours privés, elle obtient des notes exceptionnelles qui doivent lui permettre de partir étudier en Angleterre, car ses parents ne conçoivent son avenir qu’en dehors de la Roumanie. Eux-mêmes s’étaient exilés, et n’étaient revenus qu’à la chute du dictateur, espérant construire un monde nouveau. Leur déception fut immense !

Le grain de sable qui enraie la belle mécanique, c’est une tentative de viol sur la jeune fille qui s’en sort, certes choquée, mais aussi avec un poignet droit dans le plâtre. Et pour écrire, c’est quelque peu ardu… Roméo, le père, d’une profonde honnêteté dans sa vie, va alors glisser vers la corruption afin que sa fille obtienne les notes exigées.

Multiples problématiques disais-je ! Le couple bat de l’aile, lui a une maîtresse qu’il voit en cachette, mais personne n’est dupe. Quittera-t-il le foyer comme le lui demande sa bien-aimée, et en a-t-il seulement le courage ? Quant à l’enfant de cette femme, qui porte un masque (sublime idée de Mungiu), comment le recevra-t-il ?

Mungiu ouvre des tas de questions, mais n’y répond pas, ce qui peut déstabiliser le spectateur. Il y a les vitres cassées, l’individu aperçu sur le trottoir que Roméo tente de retrouver de nuit dans des baraquements, la tentative de viol qui acquiert au long du film un côté mystérieux… Mungiu semble dire que dans la vie, on n’a pas réponse à tout, ce qui est parfaitement vrai. Un mot concernant l’image du début du film : des barres d’immeubles vieillis par le temps, et sur la droite, un tas de terre, quelqu’un creusant derrière, le spectateur ne voyant que les pelletées de terre jaillissant du trou. Métaphore d’un pays qui s’enfonce dans la corruption, Mungiu annonçant d’entrée sa volonté de creuser au sein des tares de la société roumaine ?

Enfin, il faut signaler la richesse extraordinaire des dialogues qu’il aurait fallu retenir par cœur, mais ce dont ma mémoire ne me permet pas, hélas ! Le tout avec une excellente équipe d’acteurs, cela donne un film plein, questionnant la société roumaine, mais pas que…

PS : la Roumanie n’est pas prête à sortir du règne des corrompus. La population vient de porter au pouvoir, lors d’élections à priori démocratiques, un Parti dont le Président a été condamné en 1ère instance et en appel, à deux ans de prison avec sursis, pour bourrage d’urnes, lequel aspire à devenir 1er Ministre, mais la loi le lui interdit. Ce dont il n’a cure. Puisque les électeurs réélisent toujours les corrompus, il aurait eu tort de se gêner !…

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